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Narcoculture-France

Blog relatif aux événements et informations de la narcoculture, relatés en français

Narcoverse - Quel Scarface pour le remake de Luca Guadagnino ?

 

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Vous ne le savez sans doute pas tant le projet est encore peu avancé, maintes fois rebooté (c'est à dire repris à zéro, en bon françois), mais un nouveau projet Scarface est en préparation. Une nouvelle œuvre, indépendante des autres versions (un nouveau remake en fait) qui serait réalisé par Luca Guadagnino, un illustre inconnu sur nos terres, ayant surtout œuvré pour le cinéma italien jusqu'à lors. Après le film de De Palma avec Al Pacino en 1983, remake de l'œuvre de Howard Hawks de 1933, lui-même s'inspirant d'un livre s'inspirant lui-même des exploits d'Al Capone, c'est donc un nouveau film qui devrait sortir prochainement en salles sur les tribulations de Tony Montana. Et bien sûr, si on ne doute pas du budget, l'élément le plus important pour cette version de 2020 (qu'on l'attende ou non) est le nom de celui qui succédera à l'inoubliable Al Pacino. Si nous possédons déjà des éléments de réponse, nous vous présentons ici les acteurs qui ont déjà été pressenti pour le rôle et ceux que l'on aimerait voir le camper. Je précise tout de même que nous explorons dans cet article les différents univers qui pourraient coller à ce que l'on attend de l'œuvre, et que les opinions qui y sont exprimées sont purement subjectives. Nous ignorons pour l'heure tout du scénario, si ce n'est que les frères Coen sont à l'œuvre dessus ; espérons en ce cas qu'il tienne la route (avec les frères Coen on ne sait jamais). Rappelons que celui-ci à déjà été rebooté à plusieurs reprises, jugé tour à tour trop violent puis pas assez, d'après ce que l'on a compris. Espérons que les studios de production se montreront fidèle à l'esprit sulfureux du chef d'œuvre de Brian De Palma, et ne cèdent totalement aux convenances synonymes de belles recettes.

 

 Le choix de la facilité

 

                                                                                          Michael B. Jordan

"Bon, les gars, après un mafieux italien et un expatrié cubain, qu'est-ce qu'on fait ce coup-ci pour Tony "Scarface" Montana ? En 2020 ? Un délinquant afro-américain, bien sûr ! Pour peu qu'on mette du rap à donf' dans la bande annonce, on est sûr de s'attirer un public auprès des minorités..." Dictâtes de l'époque oblige. Bon, autant vous l'annoncer direct, on est pas vraiment ravis de voir le trop lisse Michael B. Jordan endosser le rôle de Tony Montana lors du prochain remake de Luca Guadagnino, et ce, malgré le fait que se sera certainement lui qui héritera bien du rôle au final, et que certains pourraient clamer qu'après ses honorables prestations dans la saga Creed, le choix parait couler de source. C'est justement parce que ce choix semble trop évident que cela ne nous plaît pas. Aucune surprise là-dedans, on se conforme simplement à la vague de pseudo progressisme privilégiant continuellement les mêmes minorités (et à Narcoculture-France on ne cautionne pas cela, il y'en a ici pour toutes les ethnies, oui messieurs/dames !) Et comme par hasard, l'acteur originaire de Californie est pressenti juste après les joyeusetés concomitantes au mouvement néo-fasciste Black Lives Mater (une belle habitude occidentale décidément, de prioriser ses différentes minorités en fonction de la médiatisation de celles-ci), après que le pourtant plus talentueux Diego Luna ait été envisagé pour succéder à Al Pacino. Cependant, il faut être honnête, ce choix de privilégier un acteur noir ne vise selon moi pas tant à s'attirer les bonnes grâces du public afro-américain ou même africain, comme avait pu le faire en son temps un Black Panther, mais à contenter plus largement le public disposant des moyens pour s'acquitter d'une place de cinéma, à majorité blanc. Que voulez-vous, les renois ont la côte chez les babtous, en cette deuxième décennie de notre 21ème siècle ! (Probablement une conséquence de la popularisation de la musique urbaine sur nos territoires et du rejet massif de toute culture extérieure à la culture américanisée, anglophone, laïque et urbaine qui nous est aujourd'hui imposée) Hollywood, connu pour l'exubérance sulfureuse et perpétuellement à contre-courant de ses producteurs et scénaristes (ah, ah), ne devrait donc une fois encore pas avoir le courage de privilégier une autre minorité que celle à laquelle le public occidental (blanc) à prit l'habitude de s'identifier et de prendre continuellement le parti.

Avec un Scarface joué pour la première fois par un afro-américain, Netflix aurait de quoi remplir sur sa plateforme sa liste de recommandations "titres avec héros et héroïnes noirs"...

 

 

 

                            Un délire à la GTA San Andreas ? Ou cigares cubains ?

 

Toutefois, une fois cela dit, une fois éclaircies les raisons imprégnées de militantisme (et de ciblage du public, plus prosaïquement) qui se cache derrière le choix d'un acteur afro-américain pour incarner Tony "Scarface" Montana aujourd'hui, force est de constater que ce "parti pris" ne s'apparente pas à une si mauvaise idée. La ville tout d'abord, dans laquelle pourrait prendre place (du moins si l'on en croit les mêmes rumeurs qui désignent Jordan comme successeur d'Al Pacino) les péripéties de ce nouveau Tony et de son gang afro-américain, ne devrait être autre que L.A, ou ses environs ; on pense immédiatement à Compton, ou dans le sud de la ville, au quartier de South Central, fiefs de cette communauté. Une carte postale crédible et fantasmée qui pourrait suffire à faire oublier les néons envoûtants du Miami des années 80, si tant est que le scénario s'oriente bel et bien dans cette voie. Car pour l'heure, avec une tête d'affiche comme Michael B. Jordan, impossible de savoir si le film sera le remake exact du scénario de la version de De Palma (un immigrant cubain débarquant aux Etats-Unis pour gravir l'échelle sociale et se faisant finalement trahir par les associés qu'il a rassemblé autour de lui) , où s'en éloignera largement au contraire ; peut-être pour décrire les pérégrinations de jeunes noirs natifs de ces ghettos, pérégrinations mises à l'honneur dans la culture hip hop et adulée par les babtous, on vous en parlait plus haut... En découlerait alors, à n'en pas douter, les thématiques habituelles : racisme, brutalité policière, inégalités sociales et raciales... Pas de quoi casser trois pattes à un canard, vous en conviendrez.

Quant au casting, même si l'on pourrait juger là aussi cela un peu trop artificiel, il y a quand même de quoi faire si l'on suit cette piste, avec on l'espère la présence en guests de quelques grands noms de la musique urbaine de L.A, quitte à verser pleinement dans ce nouveau conformisme. Un Dre ou un Ice Cube servant de mentor à notre trop ordinaire Tony Montana, pourquoi pas ? Et puis, même si le film n'a pas prétention de s'inspirer de faits réels, aujourd'hui tout le monde connait les Bloods et les Crips, et placer le film dans un contexte vaguement réaliste (quasiment inexploré par le cinéma) servirait à mon sens son propos. Pourquoi pas des déclinaisons fictives de ces Maras à la sauce yankee, comme dans les GTA, où l'on se bat dans la street pour une couleur, un territoire, un compte en suspend ? Où l'on se bat simplement par principe ? Parce qu'on ne sait plus vraiment trop pourquoi... La bêtise du cercle de la violence et de la haine dépeinte et mise à l'honneur sans détours dans le Scarface de la décennie 2020, ça, ça aurait de la gueule ! J'espère que les scénaristes ne nous pondront pas simplement une histoire de vengeance, de trahison ou d'ascension sociale à la sauce afro (même si c'était justement le propos du film de 83), sinon je ne vois pas bien l'intérêt de ce remake. Enfin, une deuxième hypothèse, plus crédible, est que Michael B. Jordan interprète un personnage latino/afro comme cela se voit parfois. Affublé d'un nom comme Tony Montana, il vaudrait mieux, en effet ! Après tout, Al Pacino n'était pas plus cubain que l'acteur californien... On pourrait alors le voir émigrer depuis Porto Rico ou la Colombie (voire même Cuba, ce qui sera très probablement le cas) et Jordan serait alors (on l'imagine) l'un des seuls acteurs non hispanophones à prendre part au casting. Rien de neuf, donc, 27 ans plus tard Hollywood n'étant toujours pas en mesure de nous sortir UN acteur cubain ou même latino américain pour jouer dans ses productions (et on nous rabâche sans cesse la sous-représentations des noirs dans le cinéma américain)... Malgré ce choix d'acteur trop timoré pour succéder à Al Pacino, qu'il campe un personnage cubain ou afro-américain, si la bande originale, les paysages de L.A, les guerres de factions et si un séjour (prolongé) en prison ou un voyage au Mexique dans l'univers des cartels ou à Cuba sont effectivement au rendez-vous, ce Scarface pourrait bien parvenir à accomplir son ambition : contenter tout le monde.

 

 

Le choix 5 étoiles

 

                                                             Diego Luna, un acteur made in Mexico

 

 

Oui, on prend parti. Oui, on l'aimait déjà bien avant Narcos et on l'apprécie d'autant après avoir vu la première saison (d'ailleurs faudrait vraiment que je me pose un moment pour me mater la seconde). Oui, on le préfère à l'insipide Michael B. Jordan. Mais si le nom de l'acteur mexicain a été le premier mentionné pour remplacer tonton Al, c'est bien ce dernier qui tient à présent la dragée haute pour lui succéder. On le déplore d'autant que les rôles de narcos mexicains ou latinos ont la côte en ce moment, sans pour autant atteindre le firmament de leurs homologues italiens dans le 7ème art. Mais si, néanmoins, le Scarface version 2021/2022 (il ne dispose pour le moment d'aucune date de sortie) marquait l'avènement des narcos mexicains au cinéma, d'ordinaire cantonnés aux nanars ? Si l'action du film prend place en partie dans la Sierra Madre, cela pourrait être la version la plus crédible et la plus proche de la réalité de celles que nous allons vous présenter ici et qui pourrait être adoptée par les scénaristes. Un peu trop proche de la réalité ? Il ne faut pas oublier que Scarface dépeignait avant tout la vision romancée et fantasmée de la vie de seigneur de la drogue. Vu les vagues de violence qui ensanglantent régulièrement le Mexique, ce récit parallèle avec la violence des cartels pourrait rebuter plus d'un spectateur. Toutefois, dans la version de 83, la réalité rejoignait la fiction, déjà, avec un aparté au début de film expliquant le contexte des tensions entre les Etats-Unis et Cuba, tensions qui pousseront Fidel Castro à vider les prisons de ses criminels et les expulser en direction du puissant voisin. Ainsi, les premières minutes mettaient en scène un Tony fraîchement débarqué, reclus dans un camp de migrants, en proie à de vieilles rivalités. Et si la cuvée 2020 impliquait une guerre de cartels, un peu comme celle que connu le Sinaloa au cours de l'année 2008, par exemple ? Un passage de frontière ? Une incarcération dans un centre de rétention pour migrants, en référence au film de 83 et pour dénoncer des abus qui ont encore cours aujourd'hui dans nos sociétés modernes ? La vie de luxure et de débauche inhérente à l'esprit de Scarface se marierait d'autant avec cette narcoculture typiquement mexicaine faite de 5.7 en diamants, de kalashnikovs plaqués or, d'accordéons, de calaveras, de sicarios juvéniles un joint au bec, de vieux narcos obèses tout puissants, de Mercedes blindés et de Bugatti tapes à l'œil, de lance-roquettes et de chars d'assauts... Encore faut-il que l'action prenne bien place dans un cadre RURAL comme dans la réalité. Et oui, les AK en or ne se trouvent pas là où la plupart des spectateurs occidentaux s'attendent généralement à les trouver, dans les barrios des grandes villes, en réalité pas si dangereux que ça... Il faut bien se l'avouer, la plupart des racailles n'y connaissent pas grand-chose au monde des cartels et des artistes comme Lacrim, hormis quelques fiestas à Puerto Vallarta comme seule expérience du Mexique, s'inspirent uniquement de ce genre de films pour trouver leurs lyrics. Une chose primordiale qu'ils ne vous diront jamais, de peur de briser le mythe : les narcos, du Mexique au Maroc, sont avant tout des agriculteurs... Des agriculteurs à la tête de milices, mais des agriculteurs quand même. Ca vous la coupe, ça, pas vrai ? Si Luca Guadagnino désire pleinement puiser dans le terreau réaliste de violence que connait son époque, il devra donc se résoudre à quelques compromis, le premier d'entre eux étant de filmer un terrain de jeu qui, à priori, n'a rien de glamour pour le public occidental. Mais après le succès de Narcos, on peut penser que cet univers à la vent en poupe, et je suis convaincu que l'argument d'une "plongée dans la culture mexicaine" ou la "narcoculture" (le thème même de ce blog, ça tombe bien !) pourrait convaincre plus d'un spectateur de payer sa place de cinéma, en dépit de ce parallèle avec notre réalité, et de l'austérité apparente des collines de la Sierra ; ces deux derniers points donneraient, à n'en pas douter, une œuvre bien plus sombre que celle de De Palma, mais n'est-ce pas ce que recherche un "Scarface", dans le fond ? Choquer par sa violence ? (Même si une première version du scénario de cette mouture de 2020 a été rejetée par le studio de production, jugée trop sombre, entraînant le départ du réalisateur David Ayer...) Une version moderne et réaliste, mexicaine, de Scarface serait donc d'après nous un parti pris idéal pour cette ultra-violence décomplexée que ce genre de films se targuent de dépeindre. Et si cela passe par occulter les grands immeubles et les taudis des barrios au profit de la Sierra Madre et des champs de pavot, de remplacer le rap tapageur par le lyrisme des narcocorridos, ou de se calquer sur les événements d'une réalité morbide, les scénaristes ne doivent pas s'y tromper. Et si Diego Luna campe le rôle, ça nous va d'autant plus.

Scarface Renacido, Chino Antrax

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Le choix du contrepied

 

Aaron Paul (alias Jesse Pinkman dans Breaking Bad)

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Imaginez le tableau, un coin reculé de la nation à la bannière étoilée, quelque part en Arkansas ou dans le fin fond de l'Alabama, des skinheads qui se prostituent et qui se seringuent toutes les merdes qu'ils trouvent dans des veines de plus en plus fines, et vous avez le parfait terrain de jeu pour un contrepied qui assurément en surprendrait plus d'un : la carte du parfait WASP et du bon petit péquenaud dans le rôle de Tony Montana. Une certaine représentation de la misère sociale de ces campagnes et le parti pris d'un polar faisant la part belle à la nature sauvage et reculée, oppressante, déjà vue dans bon nombre de thrillers bas du front, impliquant souvent Liam Neeson, mais l'idée n'est ici pas si mauvaise. D'abord parce qu'un film Scarface se devant de dépeindre une certaine idée de la vie de gangster, cela permettrait au film de se rappeler à nos bons souvenirs en calquant des œuvres mémorables comme Breaking Bad (dans son traitement certes évasif mais néanmoins présent des ravages de la drogue), Des hommes sans loi, voire certaines scènes des Incorruptibles, réalisé à l'époque par un certain... Brian De Palma ! Oui, déjà. Une occasion donc de rendre un bel hommage au Scarface de 83 (en reprenant pourquoi pas certaines scènes ou dialogues) en même temps qu'à la filmographie plus vaste du réalisateur, tout en partant dans quelque chose de totalement différent ! Le choix d'Aaron Paul (Jesse Pinkman) voire même de Bryan Cranston (Walter White) ou encore de Jesse Plemons (oui je sais, tout le casting y passe) dans la peau de ce nouveau Tony Montana pourrait également faire la part belle à la série d'anthologie mentionnée plus haut, en même temps que s'assurer, avant même la sortie du film, une base de fans déjà convaincus. Illustrer à quel point certains coins de campagne, base de l'électorat de Donald Trump, peuvent être aussi délaissés que certains "quartiers", par la détresse de sa jeunesse sous addiction, par exemple, apporterait une véritable légitimité à cet énième remake. Mais là je vous vois venir : hormis une violence exacerbée, une certaine satyre de la société et l'omniprésence de substances illicites à l'écran, quel est l'autre ingrédient essentiel de tout bon film Scarface ? L'ascension au sein de l'échelle sociale et la vie de luxure, bien sûr ! Difficile d'imaginer cette vision fantasmée de la vie de gangster sur les chemins de terre des ranchs du Montana, me direz-vous ? C'est que vous n'avez jamais mis le pied dans la Sierra du Sinaloa. Remplacer les Bugatti et les Mercedes, les margaritas et les mojitos, par des courses de quads et autres racers, par des cuites de Heineken et de Buchanan's dans la vallée sauvage et reculée ne dévoierait pas selon moi le propos du film. Après tout, l'action d'une série comme Sons of Anarchy se déroulait dans le cadre de la petite ville de Charming, sans que mixité ethnique ou passages obligés du récit de gangster ne soit omis ; on pourrait donc très bien imaginer un univers similaire pour notre Tony yankee... Un néo western, en somme, quoi de mieux pour cette adaptation 2020 de Scarface ?

Prêt à embarquer dans un délire à la Tarantino ?

Bien évidemment, jamais les nouvelles pérégrinations de Tony Montana ne prendraient place dans un tel univers, au risque de se départir de sa plus grande base de fans et de potentiels spectateurs en salles : les gangstas, racailles et blédards de toutes sortes, du Michoacan à Manille en passant par Alger. La plupart de ces derniers, vivant en grande partie dans des milieux urbains, auraient certainement du mal à suivre les exploits dans le crime organisé d'un petit blanc bon sous tout rapport dans une campagne perdue du pays de l'Oncle Sam. Là était tout le génie de l'adaptation de Brian De Palma, laisser la possibilité aux diversités ethniques comme au public occidental traditionnel de s'identifier aux pérégrinations de ce seigneur de la pègre cubain porté à l'écran par Al Pacino, un acteur d'origine italienne, est-il seulement utile de le préciser... Les italiens, et les rôles de mafieux italiens plus particulièrement, jouissent d'une belle côte de popularité dans le tiers monde, en partie grâce au langage fleuri avec lequel les américains de souche les insultent et les conspuent dans ce genre de films, établissant un parallèle avec un racisme bien présent dans nos sociétés modernes (qui aurait cru que "va bouffer tes raviolis sale enfoiré de macaroni" fasse passer ce genre d'œuvres à la postérité ?)  et aux difficultés cette fois bien contemporaines que rencontrent des villes comme Naples, et qui évoquent sans doute chez ces gens leur propre réalité. La ville de Miami y était sans doute aussi pour beaucoup, dans l'imaginaire fantasmé de l'œuvre de De Palma ; difficile en effet de trouver citée plus éclatante que "la porte des Amériques". Si un personnage blanc évoluant dans la cambrousse américaine aurait donc du mal à trouver son public en tant que nouveau Scarface, la piste reste tout de même à creuser du côté urbain. Un jeune gringo, seul blanc de son quartier et de son clan, pourrait en effet se révéler une très bonne déclinaison du célèbre personnage, et mêler diversité de races en même temps que "nationalisme" (si l'on peut parler de "nation" ici) blanc. La mafia "blanche" n'est plus si souvent mise en scène dans ce genre d'univers fantasmé (hors biopic, donc), et pour peu qu'il soit porté par la BO d'Eminem (on pourrait même imaginer que le rappeur campe le rôle), ce parti pris pourrait grandement servir le film. Aurevoir les mêmes rengaines, coutumières de ce genre de films : "comme il est difficile de s'intégrer dans un pays occidental lorsqu'on est étranger, la dureté de la vie dans les quartiers, le racisme constant et la brutalité policière" ; et place à d'autres thématiques tout autant d'actualité : "la main mise des gangs sur les quartiers/blocs/barrios, le racisme antiblanc, le communautarisme et l'immigration de masse/illégale". Ces thématiques serviraient qui plus est à changer le cadre de l'histoire ; aurevoir les destinations fantasmées de cartes postales, et dîtes bonjour à des citées plus originales comme Memphis Tennessee, Detroit ou Baltimore, toutes trois à majorité afro-américaine. Les blancs y sont donc en minorité, à l'échelle de la ville, voire totalement absent de certains quartiers ; autant dire un parfait terrain de jeu pour notre Tony Montana blanc, persécuté et conspué par les populations de ces quartiers, désireux de soumettre les gangs en place avec sa clique d'amis proches et monter dans la hiérarchie du crime organisé. Ce contrepied, on le clame ici, pourrait s'avérer payant pour le prochain Scarface, dont les précédentes versions ont jadis défrayées la chronique pour sa glorification de la vie de gangster et son apologie du trafic de drogue. Représenter comme ces gangs rendent la vie dure aux habitants pauvres de ces quartiers comme aux américains de souche qui ont le malheur d'y habiter, plutôt que de glorifier l'appartenance à un gang comme une notion de militantisme noir, arabe ou latino, les préserverait à coup sûr de ce genre de critiques. Idée à creuser, donc.

Eminem en Tony Montana seul blanc persécuté de son quartier, ou une certaine forme de récit autobiographique ?

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Le choix de la guerre

 

Résultat d’images pour riz ahmed      Riz Ahmed est un acteur et rappeur britannique d'origine pakistanaise, vu dans les frères Sisters, Venom

 

Et si le prochain Scarface mêlait deux genres d'ordinaire antagonistes, le film de guerre et le film de gangster ? C'est de ce postulat que nous avons pensé pour le rôle à l'acteur d'origine pakistanaise Riz Ahmed, idéal pour camper une version orientale de Tony Montana, que nous rebaptiserons ici en Tariq Marwan. Les initiales y sont, c'est bien tout ce qui compte. Cette fois, l'action ne prendrait pas place aux Etats-Unis, mais bien en Afghanistan, dans les vastes plantations de pavot aux mains des seigneurs de la drogue locaux. Evidemment, les chefs de clan, les chefs tribaux, les trafiquants d'armes et les terroristes seraient eux-aussi de la partie, histoire de pimenter un peu le tout. Ainsi que les troupes américaines d'occupation, en charge de débusquer ces derniers ; au cœur de ce qui serait certainement un plaidoyer occidental contre les horreurs de la guerre et une illustration du bourbier afghan par le prisme de ces soldats américains ; en même temps que (on le suppose ici) un mélange hétéroclite de film de guerre et de gangster. Notre personnage, Tariq Marwan, et sa gueule de premier de la classe (du moins sur la photo, il faut l'imaginer dans le contexte de l'Afghanistan, bien sûr) pourrait être l'héritier d'une famille influente, ce qui lui aurait permis de faire ses études à Doha, à Dubaï ou en Arabie Saoudite, où il aurait été amené à côtoyer des figures du terrorisme. De retour au pays, et fort de ses longues années d'études, de sa maîtrise de l'anglais et de l'influence de sa famille sur place, il pourrait être amené à renseigner les soldats américains ou du moins leur servir d'interprète. Parallèlement, il entretient toujours des relations cordiales avec plusieurs terroristes désormais en mission en Afghanistan, et plusieurs chefs tribaux, qui l'amènera à rencontrer des seigneurs de la drogue locaux et à devenir, à la suite de tribulations, l'un d'entre eux (notre Tariq pourrait même se débarrasser de ses concurrents en les balançant aux américains comme alliés des terroristes, pourquoi pas ?). A l'instar de Clint Eastwood dans "Pour une poignée de dollars", notre protagoniste jouerait sur les deux tableaux afin de servir son propre intérêt ; il ne faut pas y voir une critique juste et réaliste de la guerre en Afghanistan, contraire à ce que serait l'ambition affichée d'un remake de Scarface. Imaginez quelques explosions, des scènes d'embuscades dans les montagnes, des bombardements, l'emprise perverse et insidieuse des terroristes sur le personnage principal, et vous obtenez un film bien éloigné des palabres interminables inhérentes aux films de gangster mais néanmoins respectueuse du sujet. L'ascension sociale et la vie de luxure que décrivait l'épopée de Tony Montana de Brian De Palma pourrait également être représentées dans les passages de la vie de notre protagoniste à Dubaï et par le confort dans lequel vivent certains prédicateurs du salafisme, loin des champs de batailles et des vallées afghanes. Clairement le choix parmi ces propositions qui nous satisferait le plus.

 

Le choix de l'époque

 

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Alors, on vous le dit direct : nous, à Narcoculture-France, on est contre cette vague de progressisme qui touche tous les aspects, systématiquement, aveuglément, de nos œuvres culturelles jusqu'à les dénaturer et ne plus en faire que des symboles politiques, véritable cancer de notre 21ème siècle. Bien souvent, le féminisme ne s'érige qu'en une autre forme de sexisme et cela, on le déplore. Dans combien de jeux vidéos par exemple, dans Battlefield ou la moitié des combattants des deux guerres mondiales sont des femmes (j'ai mal pour le sacrifice de mes arrières grands-pères français, quel manque de respect) ou dans Assassin's Creed ou souvent les chefs des armées spartiates ou vikings laissent généreusement entrevoir leur décolleté, les féminismes nous imposent leur vision erronée et ridiculement kitsch de ce qu'elles auraient aimé que le monde soit ? Et si on est absolument contre qu'une femme campe le rôle de James Bond (une caricature de l'idéal de l'homme séducteur on le rappelle, qui est aussi la raison d'être du personnage), on pose ici la question : et si Tony Montana était une femme ? Et là, et bien on est pour ! Pourquoi ? Quelles différences cela fait avec les susdites œuvres mentionnées plus haut ? On vous l'explique ici. Déjà, l'essence même d'un film Scarface est passablement beauf. Y'a pas d'autre mot. Son illustration romancée de la vie de bandit, sa luxure omniprésente... Alors, à ce compte là, pourquoi pas une nana, histoire de changer un peu ? Ce n'était de toute façon pas le réalisme qui étouffait l'œuvre de De Palma, alors... Et puis ce choix serait tout de même respectueux de son prédécesseur, l'un des propos les plus notables du film figurant dans la relation incestueuse qu'entretient Tony avec sa sœur, un personnage notoirement sous-exploité. La revanche de Gina Montana, ou une itération féminisée de l'ami Tony mais évoquant quelque peu le destin tragique de la sœur de ce dernier dans le classique de 83 serait une bonne idée pour remettre les pendules à l'heure de notre époque où le sexe du personnage principal importe souvent bien davantage que le propos du film en lui-même. Force est de constater que Scarface, son côté grandiloquent, beauf, romancé, se prête plutôt bien à ce changement. Aussi serions-nous curieux de voir les pérégrinations de Miss Montana, celles-ci trouvant peut-être leur inspiration dans le destin remarquable de Griselda Blanco, une précurseuse du trafic de coke en Colombie ? 

 

 

 

 

 

Le choix de la Yiddish 

 

 

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Ils sont nombreux à Hollywood à partager la foi judaïque. Et c'est pas rien de le dire ! En plus du choix osé de se fournir directement au pays parmi les acteurs made in Israël, dont le cinéma local n'est d'ailleurs pas en reste, Hollywood peut compter sur sa myriade d'enfants prodiges à même d'illustrer les us et coutumes de cette communauté (parmi lesquels on peut citer Jon Bernthal, Shia Leboeuf, Andrew Garfield) et endosser le rôle de ce Tony Montana juif. Pour imaginer ce que pourrait être la déclinaison de ce Scarface à la mode Yiddish, on peut se tourner vers le film War Dogs de Todd Phillips, avec notamment Jonah Hill dans l'un des rôles principaux, où deux amis d'enfance de confession juive tirent profit de la guerre en Irak pour se lancer dans le trafic d'armes à échelle internationale. On pourrait ainsi imaginer que l'action du film, comme dans la comédie de Todd Phillips, se déroule là aussi entre les Etats-Unis (pourquoi pas New York, une enclave bien connue de la diaspora juive dans ce pays) et quelques états en guerre, voire Israël et la bande de Gaza, comme dans War Dogs. 

Lior Raz, acteur vu dans la série israélienne Fauda

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Bien sûr, le fait que le film mette en scène des acteurs et personnages juifs ne relève d'aucune réelle importance en soit, mais le traitement, notamment comique, dont pourrait bénéficier ce parti pris présente lui bel et bien un intérêt. Imaginez quelle satyre dépeignant la dite communauté cela pourrait-il être, d'autant plus lorsque l'on sait que ce sont les déjantés et potaches frères Coen à l'œuvre au scénario ! Pour peu que le casting soit à la hauteur, cela donne envie, mais il n'y a guère de doute à avoir sur ce dernier point ; encore un avantage de plus à privilégier une néo-Yiddish Connection à un gang afro-américain, par exemple. Et pour ceux qui douteraient de la pertinence d'un gangster juif pour pallier à la mouture cubaine de De Palma, et son illustration du style de vie ostentatoire du narco, je vous dirige présentement vers le film Uncut Gems de Netflix, que nous avons pour notre part particulièrement apprécié. Il est question d'un joaillier juif à l'œuvre dans la Grande Pomme, ne refusant jamais une magouille lorsque l'occasion se présente. Montres de luxe, dents en or, diamants à tout va, mais aussi réunions de famille et marchandages kippas vissées sur la tête, tous les clichés y passent ; et hormis l'absence de narcos et de vendettas à la Hyman Roth dans le parrain 2, l'ambiance Scarface n'est jamais très loin. Si la ville de New York est elle choisie pour abriter l'action de ce remake, nous tenons là une remplaçante de choix pour pallier à l'envoûtante Miami de Tony Pacino Montana ; le film pourrait ainsi se donner des airs de Lord of War, une autre œuvre d'anthologie que nous avons pour notre part préféré en tout point au Scarface de De Palma. Là aussi, il était question de voyages et de marchandages au quatre coins du monde dans des nations en guerre et si le prochain Scarface reprend la même formule, avec moins de cas de conscience et plus de poudre blanche, alors on dit oui !

 

La Yiddish Connection de New York, ou un Lord of War 2.0 ? On demande à voir !

 

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Et vous, quel univers/tête d'affiche vous chaufferait le plus pour ce remake de Scarface ?

 

 

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