Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Narcoculture-France

Blog relatif aux événements et informations de la narcoculture, relatés en français

Analyse Narcos : Mexico ; Spéciale Cartel de Juarez

Cette page, qui est une critique des personnages de la série Narcos : Mexico, est un extrait de mon article complet sur la série, que vous pouvez dès à présent retrouver ici : https://narcoculture-france.over-blog.com/2023/07/analyse/critique-narcos-mexico-par-rapport-a-la-realite-la-serie-est-elle-credible.html. Dans cet autre article, vous trouverez un résumé complet de TOUS les personnages ainsi qu'une critique de la série saison par saison. Il ne s'agit ici que d'un extrait, centré sur les personnages qui dans la réalité composaient le Cartel de Juarez. Bien sûr, comme toujours sur ce site, cette "critique" est axée sur les différences qui opposent les évènements dépeints dans l'œuvre et ceux s'étant déroulés au Mexique dans la réalité, afin que vous puissiez savoir ce qui a été modifié et ce qui a été respecté dans la série.

 

 

Se référant à des évènements réels, cet article contient aussi du spoil sur la série Narcos : Mexico.

 

 

Narcoculture

 

 

 

Amado Carrillo Fuentes (Acteur : José Maria Yazpik)

 

Narcos : Mexico acteur Amado Carrillo "El Señor de los Cielos"

 

 

Trafiquant Amado Carrillo "El Señor de los Cielos"

 

 

Amado Carrillo Fuentes, "El Señor de los Cielos"... Soit "Le Seigneur des Cieux" ou "Le Seigneur du Ciel" en français, je ne sais pas si vous êtes plus partisan d'une traduction que de l'autre. La traduction exacte serait "Le Seigneur des Cieux", mais je sais que les premières mentions d'Amado Carrillo en français l'ont été sous la traduction de "Seigneur du Ciel", donc excusez-moi si je choisis cette fois de me reporter sur la version originale. Amado Carrillo, "Le Seigneur des Cieux" donc, était l'un des deux ou trois narcotrafiquants mexicains les plus emblématiques de l'Histoire, et il y avait en ce sens fort à parier que la série Narcos : Mexico lui accorde une place toute particulière. Eh, on ne parle quand même pas de n'importe qui ! Amado Carrillo Fuentes aurait été le narcotrafiquant le plus riche de l'Histoire devant Pablo Escobar, rien que ça ! C'est l'acteur José Maria Yazpik qui est ainsi choisi pour incarner le chef du Cartel de Juarez, dès la troisième saison de la série originale en Colombie, où Amado est apparu ; et au terme de la seconde saison de son spin-off mexicain, on pensait même que le personnage deviendrait le principal de la série, vu comment les choses semblaient tourner pour lui. Malheureusement, le personnage d'Amado, comme tous les autres narcos mis en scène dans le show, pâtira des choix discutables qui ont été fait par les scénaristes lors de la troisième et ultime saison de Narcos : Mexico. Dès lors, celui-ci ne sera plus que le pâle souvenir du personnage incroyablement charismatique qui nous avait été dépeint dans les 2 premières saisons. Eh oui, car autant vous le dire direct : si je n'ai jamais trouvé que le personnage d'Amado de Narcos : Mexico s'inspirait vraiment du véritable trafiquant Amado Carrillo, tant au niveau des péripéties que de la représentation qui en est faite, il s'agit néanmoins d'un personnage que j'ai toujours beaucoup apprécié ! En tout cas, vous l'aurez compris, au moins lors des deux premières saisons de Narcos : Mexico, avant que la saison 3 ne fasse d'Amado qu'un perso osef de plus, auquel on accorde au final qu'un intérêt très limité... José Maria Yazpik est véritablement très bon dans le rôle ! Et, ce qui ressort de son interprétation toute personnelle du chef du Cartel de Juarez, c'est un personnage vraiment très charismatique, qui se démarque véritablement par rapport aux autres. Cependant, comme je vous le mentionnais, tous les petits détails qui font la singularité d'Amado sont aussi totalement fictifs et ont été imaginés par les showrunners de la série : le poids de forme, la coupe de hippie, les sempiternelles lunettes d'aviateur qu'il arbore toujours, le fait qu'il ne s'habille que de noir, la grosse be-bar, etc, etc... Le véritable Amado Carrillo a évidemment adopté différents looks au cours de sa vie et le fait est que ce dernier a été bien plus souvent photographié avec une moustache qu'avec une barbe. Quant au fait qu'il s'habille toujours en noir (le personnage de Pablo Acosta le traite même de "corbeau" dans la série, en référence à sa garde-robe) il s'agit là aussi d'un détail imaginé par les costumiers de Narcos : Mexico. Il n'empêche qu'à l'écran, Amado Carrillo est sacrément classe ! Et après tout, c'est bien ce que l'on demande en premier lieu à un personnage de cette envergure, non ? Si vous recherchez une représentation plus fidèle du véritable trafiquant, je vous redirige vers le portrait qui en est fait dans la série El Chapo, où il est incarné par l'acteur Rodrigo Abed. Du point de vue de la ressemblance physique comme au niveau de la stature, celui-ci est en effet bien plus proche du véritable Amado, jusqu'à sa manière de marcher ou de s'habiller ! Car malheureusement (ou pas, d'ailleurs, c'est vous qui voyez) de nombreux traits du chef du Cartel de Juarez sont en effet occultés dans Narcos : Mexico, comme un qui a directement à voir avec son énigmatique final (si vous ne le savez pas, "Le Seigneur des Cieux" est présumé mort depuis 1997 suite à une opération de chirurgie esthétique qui lui aurait coûté la vie). Vous le savez sûrement, de nombreuses versions ont couru quant à son décès. Certains pensent qu'il a réellement trouvé la mort sur la table d'opération, comme l'affirment les autorités, d'autres que tout ceci n'est qu'un stratagème imaginé par le capo et que celui-ci profite de sa retraite bien à l'abri quelque part. Après tout, l'opération de chirurgie qui lui aurait coûté la vie n'avait-elle pas justement pour but de lui offrir un nouveau visage et de le faire disparaître ? D'ailleurs, il est curieux de noter que c'est aussi l'hypothèse adoptée par la majorité des œuvres de fiction s'inspirant plus ou moins largement de la vie du capo (la télénovela El Señor de los Cielos, la narcopelicula La Verdadera Historia del Señor de los Cielos, le film Traffic de Steven Soderbergh, entre autres). Cette particularité, occultée par Narcos : Mexico, et qui a à voir avec sa mort supposée, c'est bien le surpoids notoire d'Amado Carrillo Fuentes. Ca ne vous aura pas échappé : dans la série de Netflix, le narco est frais comme un gardon et même maigre comme un clou ! Mais dans la réalité, c'était loin d'être le cas. Une fois de plus, du point de vue de la ressemblance physique, la version du narco interprétée par José Maria Yazpik tranche avec le véritable Amado. Mais il ne s'agit pas que du physique du personnage ! Comme je le disais, ce détail est aussi important à cause du rôle qu'il aurait joué dans sa mort supposée. Au dernier jour de sa vie, en plus de vouloir changer de visage, Amado a en effet subi une liposuccion, toujours dans le but de changer d'apparence et berner les autorités. Une intervention lourde, couplée à une opération du visage, qui était loin d'être anodine. De plus, lorsqu'on est obèse, par définition, on est rarement en bonne santé. Deuxième point sur lequel la série fait l'impasse (ou disons, si on fait entrer son obésité dans le cadre de ses "problèmes de santé", que c'est le prolongement de ce même point) : l'état de santé d'Amado Carrillo. Tout au long de sa vie, en plus de forcer sur les tacos, le capo a visiblement eu plusieurs alertes au niveau du cœur. Jusqu'à être diminué à plusieurs occasions, même ! La cause de sa mort controversée n'est-elle pas, après tout, comme l'affirment les médecins, un arrêt du cœur sur la table d'opération ? Un élément qui viendrait accréditer la thèse de la mort du capo en 1997 : la plupart de ses proches et de ses associés, comme l'a récemment raconté le frère d'El Mayo Zambada, étaient parfaitement au courant depuis de nombreuses années qu'Amado avait le cœur fragile. Le médecin personnel d'Amado aurait même un jour confié au frère d'El Mayo que s'il ne "levait pas le pied" d'une manière ou d'une autre, Amado se retrouverait confronté à de "graves problèmes à cause de son cœur". Lors de sa récente interview avec l'ami Pepe Garza, Rey Zambada témoignera même des nombreuses addictions dont souffrait "Le Seigneur des Cieux", qui semble-t-il forçait aussi un peu trop sur la drogue et l'alcool. Il lui fallait bien ça pour supporter le climat de tension qui régnait à l'époque entre trafiquants et que le repenti susnommé évoquera à demi-mot dans son interview, Amado ayant notamment échappé au cours de sa vie à plusieurs tentatives d'assassinat. Bref, c'était pas toujours la joie. D'ailleurs dans son livre De Navolato vengo, la biographie la plus célèbre sur le baron Amado Carrillo, l'auteur Jose Alfredo Andrade Bojorgues révélait dès la fin des années 90 la prise de calmants quotidienne d'Amado, notamment du Dormicum, un puissant somnifère, comme son nom l'indique. La prise de ce somnifère lui aurait selon certains coûté la vie, puisqu'il n'en aurait pas averti les médecins lors de son opération. Ce n'est toutefois pas la version avancée par l'écrivain, qui est depuis resté dans la légende, puisqu'il a disparu sans laisser de traces juste après la publication de son livre, où il affirmait notamment que "Le Seigneur des Cieux" avait survécu à son opération de chirurgie esthétique. En outre, il est connu qu'enfant, Amado est tombé gravement malade, probablement à cause des conditions de précarité dans lesquelles vivait sa famille. La mère d'Amado racontera qu'ils n'ont jamais su exactement qu'elle était la maladie qui a affecté à l'époque le futur chef du Cartel de Juarez, toujours est-il que cette maladie se manifesta par une forte fièvre et un état fragile qui se prolongea durant plusieurs mois. C'est cette maladie d'enfance qui contraignit Amado à abandonner pour de bon l'école et qui l'empêcha d'aller garder les vaches de sa famille et de se dédier aux activités agricoles, comme il en avait l'habitude. Narcos : Mexico illustre notamment, en s'octroyant BEAUCOUP de libertés, l'arrestation d'Amado en 1989. 3 mois passent avant qu'Amado ne sorte de prison dans la série, puis on le voit illico se plaindre à son comparse Rafael Aguilar d'avoir dû patienter si longtemps avant que celui-ci ne le fasse libérer. Dans la réalité, "Le Seigneur des Cieux", qui aurait possiblement été malmené lors de son arrestation, a rapidement contracté de graves problèmes de santé derrière les barreaux. Il aurait même été à l'article de la mort, avant que l'administration pénitentiaire ne consente à lui aménager spécialement une unité de soins intensifs dans sa cellule. Ca, c'était le véritable Amado Carrillo : un capo à la santé fragile, en bout de course, gros buveur et consommateur de drogue, qui aurait pu être tenté de passer la main au crépuscule de sa vie. Au moment de sa mort (supposée), celui-ci n'était pourtant âgé que de 40 ans ! Enfin bon, la série ne peut pas imiter les véritables protagonistes sur TOUS les points, après tout... Bien que l'état de santé fragile du narco ne soit jamais montré à l'écran, ce qui est curieux, c'est que Narcos : Mexico ne s'appuie pas non plus sur la théorie inverse, à savoir qu'Amado aurait survécu à son opération de chirurgie esthétique. Dans la série, pour ce que l'on en sait, le capo trouve la mort au cours de celle-ci. Certes, à aucun moment on ne nous montre le corps d'Amado, mais on ne nous montre pas non plus d'élément particulier qui viendrait jeter le trouble ou contredire la version officielle ! A part peut-être l'avion miniature qu'Amado avait offert à sa fille, qui se retrouve un peu inexplicablement entre les mains de sa compagne au Chili, lors du générique de fin de Narcos : Mexico. Mais c'est tout ! Pas d'autre clin d'œil, pas d'ambigüité particulière sur le fait qu'Amado ait pu survivre... D'ailleurs, l'intervention chirurgicale du "Seigneur des Cieux" tombe un peu de nulle part dans l'œuvre de fiction, on ne sent pas qu'il s'agit d'une décision mûrement réfléchie du capo ; là encore, cet élément était à mon sens mis en scène de manière beaucoup plus pertinente dans la série El Chapo. Il faut dire que la saison 3 de Narcos : Mexico, où Amado était normalement censé s'imposer comme le patron du crime organisé mexicain, et où intervient sa fameuse opération de chirurgie esthétique, est complètement ratée. Du coup, le personnage d'Amado nous laisse un peu sur notre faim, éclipsé lors de cette troisième saison par une clique INTERMINABLE de personnages plus ou moins inutiles. On le voit lors d'une unique scène dans sa chambre d'hôpital, la nuit précédant sa fameuse opération, en proie au doute. Sur le coup, j'me dis : "ah, cette scène elle est pas mal !" Sauf que, là-dessus, pas de temps à perdre pour les créateurs de la série : la chirurgie se produit dans la foulée et Amado disparaît pour de bon. C'était en fait la dernière scène d'Amado, ce qui explique qu'on ait prit le temps de s'attarder sur lui. Merci, aurevoir ! Ca aurait quand même mérité de s'y attarder davantage, selon moi ! L'une des seules choses que j'ai apprécié lors de la troisième et dernière saison, et sur laquelle les scénaristes auraient pu au contraire facilement faire de la merde, c'est la romance entre Amado et sa copine cubaine. Loin d'être une perte de temps au milieu du tissu de conneries de cette troisième saison, il s'agit des seuls moments où Amado est véritablement mis en avant au cours de celle-ci. Faut dire que les deux sont mignons tout plein, et leur idylle colle aussi parfaitement avec les rumeurs qui entouraient le capo sinaloan à l'époque. Si Amado Carrillo Fuentes aimait se faire discret, ce qui explique que sa vie personnelle soit aujourd'hui encore entourée de mystères, et qu'il n'a eu qu'une seule épouse légitime (avec laquelle il a eu au moins 4 enfants), on lui prête néanmoins de nombreuses maîtresses. Et même, une seconde épouse, si l'on en croit la rumeur, une cubaine avec laquelle il aurait eu (au moins) une fille... (il a également eu un fils de nationalité brésilienne, avec une de ses compagnes originaire de ce pays qui a vécu quelques temps au Mexique.) C'est cette seconde épouse que Netflix cherche à mettre en scène au travers du personnage de Martha, qui arrive à conquérir le cœur du "Seigneur des Cieux" lors de cette troisième saison. C'est avec elle qu'Amado prévoit de s'enfuir au Chili après son opération et la scène finale de la série la montre même se promenant sur une plage du pays d'Amérique du Sud. Mais l'intégralité des moments que partageront Amado et sa compagne à l'écran se dérouleront sur l'île d'où celle-ci est originaire. Comme je le disais, cela colle parfaitement avec les derniers mois de la vie d'Amado Carrillo ; on pense notamment qu'il a voyagé à Cuba, en Russie et au Chili dans les mois/semaines précédant "sa mort", et pas seulement pour faire du tourisme, mais bien pour "mettre de l'ordre dans ses affaires" avant sa fameuse opération. Qui plus est, "Le Seigneur des Cieux" avait bâti sa réputation sur ses nombreux voyages autour du monde et sa galanterie bien connue. Il existe une célèbre anecdote sur le capo, que certains jugent véridique : pour séduire l'une de ses conquêtes, Amado Carrillo a un nuit décidé de l'emmener faire une ballade... à bord de l'un de ses avions, bien sûr... Il aurait alors décidé, selon la légende, de lui offrir "une nuit qui ne finit jamais". Le capo originaire de Sinaloa a expressément ordonné à ses pilotes de faire la course contre le soleil, 24 heures durant. Ben si avec ça il l'a pas pécho, la meuf... Si Narcos : Mexico décide de faire l'impasse sur cette anecdote, dont on n'est même pas sûr qu'elle soit vraie, cette saison 3 met au moins en scène ses voyages galants à Cuba, comme je le disais, et ça c'est vraiment cool. Un célèbre associé colombien du chef du Cartel de Juarez racontera même que celui-ci avait séjourné à plusieurs reprises sur l'île, protégé par les autorités. Après avoir rencontré Fidel Castro, Amado Carrillo se serait acquitté de la taxe de 5 millions de dollars pour ne pas être arrêté par le gouvernement lors de ses passages à Cuba, si toutefois il promettait "de ne tuer personne et de ne pas se mêler de politique" tant qu'il séjournait sur l'île. En revanche, l'autre élément fondamental concernant Amado dans cette troisième saison est lui totalement fictif : la mort de sa fille, encore enfant. C'est suite à ce drame qu'Amado, plus barbu que jamais, apparaîtra complétement déprimé lors des premiers épisodes de cette troisième saison. Il n'est fait nulle part mention d'une fille ayant décédé prématurément ou même décédé tout court dans les biographies que j'ai pu trouver du capo et il y a fort à parier que cette mort ait été imaginée par les scénaristes. Perso, je trouve ça un peu débile : plusieurs chefs mafieux ont dû faire face à la mort d'un de leurs enfants, comme ce sera par exemple le cas pour El Chapo Guzman, Nacho Coronel, Chalo Araujo ou "El Ondeado" , tous au cours de la guerre de 2008, même si aucune de ces morts n'étaient c'est vrai naturelles... Alors pourquoi attribuer ce deuil à Amado, si un tel drame ne l'a jamais touché, lui, personnellement ? N'est-ce pas un peu hors-sujet ? N'aurait-il pas mieux fallu garder ce sujet justement pour d'autres personnages dans de futures saisons/futurs projets ? De plus, il est de notoriété publique que la fille d'un autre des personnages phares de la série, Benjamin Arellano Felix, était gravement malade. Narcos : Mexico fait effectivement mention de l'infirmité de la fille de Benjamin, mais ne s'y attarde pas plus que ça, attribuant toute cette représentation du deuil paternel au personnage censé représenter Amado Carrillo. Si les scénaristes voulaient vraiment raconter l'histoire d'un narco déprimé par les problèmes de santé de sa fille, pourquoi ne pas en avoir profité pour la mettre en scène avec le personnage de Benjamin Arellano, plutôt qu'avec Amado ? Avouez que c'est quand même curieux ; d'autant plus que la mort de cette fille imaginaire est dans la troisième saison le déclencheur qui poussera Amado à revoir ses plans concernant son business, alors on peut dire que ça aide encore moins à faire passer la pilule ! Alors qu'a contrario, il y avait une autre histoire, plus intéressante (en tout cas plus originale) à raconter autour des enfants d'Amado : celle de son fils, Vicente. Il n'y avait certes pas besoin de s'y attarder pendant plusieurs épisodes, on aurait simplement pu faire apparaître le fils d'Amado lors de quelques scènes, mais ça aurait au moins eu le mérite de coller davantage avec la réalité. L'histoire du fils d'Amado est somme toute très simple, jugez par vous-mêmes : c'est plus ou moins celle de Michael Corleone dans Le Parrain ; Amado Carrillo a toujours insisté pour que son fils ne suive pas la même voie que lui. Le capo a tenté autant que possible de l'écarter de ses affaires et l'a donc envoyé dans les meilleurs universités européennes (une en Suisse et une en Espagne) suivre des études d'Ingénierie Electronique, ce qui vaudra à Vicente Carrillo Leyva d'être surnommé "El Ingeniero". Seulement voilà, à la mort d'Amado en 1997, le fiston a tout laissé tomber pour reprendre les affaires de son père avec son oncle, qui s'appelle lui aussi Vicente, d'ailleurs. Les deux deviendront les nouveaux chefs du Cartel de Juarez, jusqu'à la capture du fils d'Amado en 2009 et celle de son oncle en 2014. Avouez que ça aurait été cool de voir un Amado préoccupé par son fils, qui cherche à le sermonner et le mettre sur le droit chemin ; en pure perte au bout du compte, puisque l'intéressé suivra finalement la même voie que lui... En ce qui concerne Vicente (le frère d'Amado), Amado était effectivement dans la réalité secondé par ses deux frères, dont l'un prendra d'ailleurs sa relève à la tête du Cartel de Juarez durant près de 20 ans : le fameux Vicente, alias "El Viceroy". Celui-ci est finalement mis en scène dans la troisième saison de la série, où il est d'ailleurs représenté comme le numéro 2 du Cartel de Juarez et l'assassin personnel de son frangin. Le traitement qui est fait de Vicente Carrillo peut à première vue surprendre (le fait qu'il soit seulement dépeint comme le bras armé d'Amado et un tueur sociopathe), mais pour ma part je l'ai beaucoup apprécié, et on comprend malgré tout l'importance qu'avait celui-ci au sein de l'organisation de son frère. Un grand bravo à la série sur ce point ! Ceci dit, le second frangin d'Amado, Rodolfo, est lui totalement aux abonnés absents ; là encore contrairement à la série El Chapo, où Rodolfo était mis en scène aux côtés de Vicente. C'est quand même dommage, puisque Rodolfo (alias "El Niño de Oro") fût assassiné seulement quelques années plus tard, en compagnie de son épouse Giovanna, sur la parking d'un centre-commercial dans une grande fusillade que l'on suppose avoir été orchestrée par le Cartel de Sinaloa ; on voit d'emblée que Netflix ne voulait pas pousser plus loin (en tout cas pas jusqu'au 21ème siècle) le récit de la famille d'Amado et du Cartel de Juarez, avec de futures saisons ou de futurs spins-off. Malgré tout, pour rester dans le domaine des points forts de la série comme celui de la famille du capo, je me dois de saluer le portrait qui est fait de son oncle, Don Neto Fonseca. Comme je l'ai déjà dit plus haut, ce personnage est sans doute mon préféré de la série et, globalement, tout ce qui gravite autour d'Amado Carrillo lors des deux premières saisons s'est véritablement produit et a été très bien reconstitué. On le voit débuter comme exportateur de marijuana aux côtés de son oncle Don Neto, avant d'être envoyé à Ciudad Juarez sous les ordres de Pablo Acosta apprendre le métier. Là-dessus, rien à dire ! L'ascension d'Amado au sein de la pègre s'est donc peu ou prou déroulé comme l'illustre la série (même si c'est son oncle qui l'envoie à Juarez dans la réalité et non Felix Gallardo), ce qui est un excellent point à porter à son crédit. Bon, même s'il y a quand même des choses à redire sur la relation entre Amado et Pablo Acosta (que j'ai tout de même beaucoup aimé) du point de vue véracité par rapport aux faits réels. Mais là, j'en suis encore aux points forts du personnage dans Narcos : Mexico et je ne veux pas trop dézinguer la série, qui a tout de même fait un honorable travail de reconstitution sur celui-ci. Autre point fort donc, même s'il ne s'agira certainement pour vous que d'un détail ; ce sont ces petits "détails" toutefois qui contribuent à la crédibilité générale d'un personnage, d'autant plus lorsque celui-ci s'inspire d'individus réels comme c'est ici le cas avec l'ancien chef du Cartel de Juarez : les nombreuses références que fait la saison 3 de Narcos : Mexico au projet d'Amado de se bâtir une maison. Il lance les travaux, puis ceux-ci se poursuivent pendant son incarcération, il vit un temps dans sa maison presque achevée... et finalement décide de tout raser pour la reconstruire entièrement... Plusieurs personnages, comme celui de Pacho Herrera, lanceront des commentaires sur l'avancement des travaux par exemple lors de leurs différentes entrevues avec le capo, jusqu'à ce que l'on voit finalement Amado parader dans son gigantesque manoir, trop grand pour lui, où il se perd en cherchant sa cuisine. Autant de petits détails qui, je le disais, correspondent parfaitement au véritable Amado Carrillo ! Il existait des empereurs bâtisseurs, emprunts d'une certaine folie des grandeurs, voire des dictateurs ; et bien, indubitablement, Amado Carrillo Fuentes était lui un véritable "narco bâtisseur" ! En plus de posséder le Paraiso Celestial, un manoir de plus de 3 mille mètres carrés, le narco à la tête du Cartel de Juarez habitait également la Casa Versace, qui avant de lui appartenir était le siège du styliste Gianni Versace à Ciudad de Mexico. Mais sa maison la plus célèbre, c'est incontestablement "Le Palais des Mille et Une nuits", qu'Amado a fait bâtir de toutes pièces. D'inspiration arabe, en référence au célèbre conte dont il porte le nom, le Palais était aisément reconnaissable à ses multiples coupoles blanches d'inspiration islamique. Le capo n'habitera cependant jamais la propriété, puisqu'elle sera saisie avant qu'il puisse s'y installer et finalement démolie en 2020. Ah, et le mausolée d'Amado (construit bien évidemment à Jardines del Humaya) vaut aussi le détour, même si personnellement je préfère les tombes d'autres capos, comme celle d'Arturo Beltran par exemple. En tout cas, faire d'Amado cette espèce de "narco bâtisseur" était une sacrée bonne idée de la part du spin off de Narcos, à laquelle même moi je n'aurais pas songer. Qui plus est, comme je le mentionnais, avec le personnage de la copine cubaine d'Amado et celui de son frère Vicente, deux personnages s'inspirant largement d'individus réels et que j'ai pour ma part appréciés, on peut dire que le capo est plutôt bien entouré à l'écran ! C'est au moins ça de réussi pour cette troisième saison... D'ailleurs, dans celle-ci, on voit également Amado tisser des liens avec l'un des plus gros trafiquants de l'époque (chose assez rare dans la série où les narcos ont malheureusement assez peu d'interactions entre eux), et qui était aussi l'un de ses meilleurs amis dans la réalité : j'ai nommé le capo Ismael "El Mayo" Zambada, actuel leader du Cartel de Sinaloa. Amado était même le parrain du plus jeune des fils d'El Mayo, Serafin Zambada, qui fût lui-même un temps l'une des petites mains du cartel de son paternel. Et Zambada, le parrain du frère d'Amado, Vicente (ce lien de parenté est d'ailleurs évoqué dans la série lorsque Vicente Carrillo accueille son "padrino" Mayo) ! A l'écran, il nous est également montré le respect qui pouvait exister entre les deux barons, qui deviennent peu à peu "compadres". Un nouveau bon point pour la série, et qui a même de quoi surprendre, puisqu'il existe assez peu d'informations comme de biographies sur "El Mayo" Zambada, et que l'amitié de celui-ci avec Amado aurait donc pu facilement être occultée ou passer à la trappe dans la série. Cependant ce n'est pas le cas, et même si je n'ai globalement pas trop aimé la manière dont est représenté "El Mayo" Zambada dans Narcos : Mexico, son amitié naissante avec Amado est clairement l'un des rares points positifs le concernant. L'un des rares points véridiques, en fait, mais je reviendrai plus tard sur le personnage d'El Mayo Zambada. Pour en revenir à Amado, j'aurais tout de même aimé que son alliance avec un autre des personnages emblématiques de l'époque, le Général Rebollo, soit davantage mise en scène. Si le général corrompu de l'armée est bien l'un des personnages phares de cette troisième saison, il ne rencontre "Le Seigneur des Cieux" qu'à une seule occasion... pour le mettre sous les verrous, dès la première scène où il apparaît. En fait, dans Narcos : Mexico, on nous aménage un faux-suspens totalement éclaté au sol autour du Général Rebollo. En gros, on nous le présente comme faisant partie "des gentils", l'allié des agents de la DEA, avant que la preuve de sa corruption avec le Cartel de Juarez ne soit apportée vers la fin de la saison. Du coup, à l'écran, on ne voit aucune réunion entre Amado et Rebollo, puisqu'on essaye de préserver ce suspens qui n'a pas lieu d'être autour de la trahison du Général. C'est totalement débile ! C'est comme si on faisait une série sur Jésus-Christ et que la dite série en faisait des tonnes pour ne pas nous dévoiler que c'est Judas, le traître. Merci, mais on le savait ! C'est exactement la même chose pour le Général Rebollo, un des gradés de l'ancien appareil militaire les plus célèbres du Mexique. C'est dommage qu'on ne voit pas davantage l'association entre Amado et le célèbre général qui l'avait protégé dans la vraie vie ; on nous parle bien de cette association dans Narcos : Mexico, on fait effectivement un focus sur le personnage de Rebollo, mais jamais les deux ne se rencontrent. Exactement comme dans le film Traffic avec Michael Douglas, Catherine Zeta-Jones et Benicio Del Toro, où le personnage s'inspirant d'Amado Carrillo est laissé de côté et ne rencontre jamais celui du Général Rebollo. Du déjà vu, en somme ; d'ailleurs, à nouveau, la série Netflix El Chapo remporte le match de la crédibilité, puisque le personnage d'Amado rencontre à plusieurs reprises celui du Général Blanco à l'écran. Plus haut, je vous parlais également des relations quelque peu romancées entre Amado et ses associés, notamment Pablo Acosta, dans Narcos : Mexico. Dans la série, les deux sont en effet les meilleurs amis du monde, Acosta servant aussi de mentor à Amado, d'une certaine manière. Attention : si le fait que les deux narcos demeurent compadres jusqu'au bout (même au moment de la mort d'Acosta) ne soit ni plus ni moins qu'un parti pris de la part des scénaristes, ne crions pas au scandale pour autant... D'une part, ce parti pris possède tout de même un fond de vérité, puisque Amado s'est effectivement formé à Juarez sous les ordres d'Acosta, come l'illustre parfaitement la série. Premier bon point. D'autre part, moi, cette relation de frères d'armes entre Amado et Acosta, je l'ai beaucoup aimé ! J'ai trouvé que ça illustrait à merveille la relation qui pouvait unir certains des autres narcotrafiquants les plus célèbres du Mexique. Même si, dans la réalité, Amado n'a jamais eu une dent contre Felix Gallardo pour avoir ordonné le meurtre de son poto Pablo Acosta, comme vous avez pu le voir dans le show de Netflix. Et pour cause : dans la réalité, c'est Amado lui-même qui aurait payé les fédéraux pour descendre Acosta ! Tout comme son autre associé Rafael Aguilar d'ailleurs, même si Amado n'a jamais appuyé personnellement sur la gâchette, comme le montre la série, puisque Aguilar a été descendu à Cancun, 3 500 kilomètres plus au Sud, en 1993. Dans Narcos : Mexico, néanmoins, c'est bien Amado qui assassine en plein Ciudad Juarez Rafa Aguilar, même si ce n'est bizarrement pas le cas pour Pablo Acosta ; ce qui est curieux, puisque les rumeurs qui prétendent qu'Amado a assassiné Aguilar sont plus ou moins les mêmes sur lesquels on s'appuie généralement pour dire qu'il a également fait assassiner Acosta (ce qui est aujourd'hui encore la version privilégiée par les médias). Et puis l'un ne va pas sans l'autre d'une certaine manière, puisqu'il lui fallait descendre les deux en définitive, Acosta comme Aguilar, pour prendre le contrôle total du Cartel de Juarez. Narcos : Mexico choisit néanmoins de dépeindre Amado et Acosta comme deux potes, unis par une relation presque filiale, et force est de constater que cette relation fonctionne très bien à l'écran, malgré le fait qu'elle soit discutable sur le plan "historique". Et puis au moins, comme c'est aussi le cas pour le personnage d'El Mayo Zambada, on voit Amado évoluer avec Pablo Acosta au sein de la pègre de l'époque, et c'est bien tout ce qui compte. Puisque, malheureusement, les relations du "Seigneur des Cieux" avec plusieurs de ses autres associés d'alors ont tout bonnement été occultées dans Narcos : Mexico ; le narco originaire de Navolato apparaissant même souvent bien isolé, à l'écran. Contrairement à la réalité et, encore une fois, à ce que l'on voyait dans la série El Chapo (même si sur ce point précis la série El Chapo versait elle aussi dans le fictionnel, faisant d'Amado le chef d'une Fédération mise en place par le gouvernement mexicain, rassemblant aussi les Arellano Felix et El Chapo Guzman), Amado Carrillo n'entretient dans Narcos : Mexico aucun contact avec le reste de ses compatriotes sinaloans, comme avec El Chapo Guzman ou El Azul, par exemple. Comme je le disais, seul le personnage d'El Mayo Zambada a cet honneur (et c'est bien le principal, puisqu'il était aussi l'un des meilleurs amis d'Amado dans la réalité). Mais on ne voit jamais cependant El Chapo tisser des liens ou travailler POUR Amado, encore moins le cousin de celui-ci, Arturo Beltran, dans la série de Netflix. Pourtant, de nombreux barons du Cartel de Sinaloa s'étaient formés sous les ordres d'Amado Carrillo Fuentes au sein du Cartel de Juarez, comme ce sera par exemple le cas pour Nacho Coronel, les frères Beltran Leyva et même certains de leurs plus célèbres hommes de mains, qui deviendront les visages connus du futur Cartel Beltran Leyva, en 2008. Non, à mille lieux de ça, le personnage d'Amado évolue constamment seul dans Narcos : Mexico, où il ne croise même que très rarement son propre frère Vicente. Dans la troisième saison de la série, vous avez pu le constater, la narratrice et les différents protagonistes nous dressent le portrait d'une rivalité entre ce qui sont présentés comme les 3 plus gros cartels de la drogue du Mexique : le Cartel de Tijuana, le Cartel de Juarez d'Amado Carrillo et le Cartel de Sinaloa. Pourtant, selon moi, à l'époque, le Cartel de Juarez et celui de Sinaloa, c'était plus ou moins la même chose ! Les sinaloans ne disposaient d'aucune frontière pour écouler leur produit et tout ce beau monde s'en remettait plus ou moins à Amado pour leur montrer la voie et faire fructifier leurs affaires. Bon nombre de barons du Cartel de Sinaloa travaillaient directement avec ou pour le "Seigneur des Cieux", contrairement à ce qu'on essaie de nous faire croire dans la série. En plus, El Mayo et El Chapo, les patrons du Cartel de Sinaloa, sont déjà compadres de longue date à cette époque, puisque les deux ont évolué ensemble au sein du Cartel de Guadalajara. Tout comme un certain Amado Carrillo Fuentes... Donc, pour résumer, dommage que la troisième saison ait un peu salopé cette représentation du capo Amado Carrillo, interprétée par José Maria Yazpik, même si certains de ses proches sont tout de même mis en scène de manière plutôt intéressante au travers de celle-ci. On aurait tout de même aimé que les scénaristes laissent tomber cette histoire du décès de la fille d'Amado ou cette lubie de ne pas nous montrer dès le départ que le Général Rebollo est un salaud ; à la place, ils auraient alors eu tout le loisir de mettre en scène le fils du capo, Vicente Carrillo Leyva, voire son frère Rodolfo ou son association avec les narcos du Sinaloa. Et là, le portrait aurait été parfait ! En vérité, plus que le narcotrafiquant Amado Carrillo, ce qui nous est montré dans Narcos : Mexico (et avec brio !) c'est davantage un portrait del "Señor de los Cielos", son alter ego en quelque sorte... Ce que j'ai beaucoup aimé dans la série, c'est que tout est fait pour rattacher le personnage à sa dimension de "Seigneur des Cieux", en faisant presque de lui une sorte de figure mythologique. Pourquoi pas ! Si la biographie d'Amado Carrillo est vraiment loin d'être respectée à la lettre, comme vous avez pu le lire jusqu'ici, ce qui fait que j'ai néanmoins beaucoup aimé le personnage interprété par José Maria Yazpik, c'est les nombreux clins d'œil à l'élément qui a bâti sa légende : les avions. Des avions, des avions et encore des avions ; vous en verrez forcément lors de chaque apparition d'Amado à l'écran, au loin dans le ciel, en arrière-fond sur le tarmac ou même sous la forme de jouets... Dans la série, Amado incarne véritablement sa dimension de "Seigneur des Cieux", qui a bâti son empire sur sa flottille de 727, mais pas seulement, puisqu'on fait même de lui un "pilote" à part entière ("pilote" c'est d'ailleurs sous ce titre qu'Amado se présente à la gent féminine dans la première saison). Lorsqu'il se fait arrêter en 1989, le capo est attrapé par l'armée après un spectaculaire crash dans le désert en avion ; un crash qui ne s'est évidemment jamais produit dans la réalité, un exemple parmi d'autres de l'iconisation de la figure d'Amado dans la série. Il faut parfois plisser les yeux, mais si vous prêtez attention, vous verrez que les scènes dans lesquelles intervient Amado où l'on ne voit pas au minimum un petit avion voler au loin sont assez rares. Et ce petit détail contribue à rendre le personnage mémorable, davantage "Seigneur des Cieux" qu'Amado Carrillo Fuentes je l'ai dit, comme ça avait aussi pu être le cas dans la télénovela bien connue El Señor de los Cielos par exemple, le portrait qui en est fait servant au final une certaine "mythologie du personnage", bâtie autour de cette flottille d'avions qui l'ont hissé jadis au plus haut sommet de la pègre. Si vous recherchez une représentation plus fidèle du véritable Amado Carrillo, je vous conseillerai plutôt le portrait qui en est fait dans la série El Chapo, pour tous les points déjà évoqués plus haut. Le personnage de Narcos : Mexico n'est-il pas un meilleur "Seigneur des Cieux" qu'une version (discutable) d'Amado Carrillo, au bout du compte ? Quoi qu'il en soit, sous les traits de José Maria Yazpik il n'en demeure pas moins sacrément stylé, et c'est bien pour ça qu'on l'apprécie.

 

4⭐ Très bon

 

 

Pablo Acosta (Acteur : Gerardo Taracena)

 

 

Acteur Gerardo Taracena Narcos : Mexico

 

 

Trafiquant mexicain Pablo Acosta

 

 

Pablo Acosta, c'est le chef de la plaza de Chihuahua avant que ne déboulent Amado Carrillo "Le Seigneur des Cieux" et ses frangins, dont ils apprendront beaucoup d'ailleurs, en travaillant un temps à ses côtés. Mis en scène dans les saisons 1 et 2 de Narcos : Mexico, il s'agit pour moi de l'un des très bons personnages de la série. Déjà, je vous l'annonce sans détour : je ne connaissais même pas ce narcotrafiquant des années 80 avant de la regarder ! Ou que peu de choses, disons... Tout ce que je connaissais de Pablo Acosta en vérité, c'est son nom cité deux ou trois fois dans des corridos en l'honneur d'Amado Carrillo, parfois sous l'appellation de "Zorro de Ojinaga" ("Renard de Ojinaga")... et c'est tout. Je n'ai jamais cherché à en savoir davantage sur ce mystérieux "Acosta de Ojinaga", Chihuahua, alors que la série démontre elle parfaitement le rôle prépondérant qu'a eu ce personnage dans la pègre mexicaine il y a près de 40 ans. Protégé par la police fédérale et l'armée mexicaine, il était un célèbre trafiquant sur ce coin de la frontière (peut-être autant célèbre des deux côtés de la frontière d'ailleurs, et c'est en cela qu'il est curieux) et l'un des premiers à se lancer dans le trafic de cocaïne. Il est abattu en 1987 dans un raid de la police fédérale mexicaine, appuyée par le FBI, qui a déployé les grands moyens pour l'arrêter. Un livre ("The Life and Death of a Mexican Kingpin", par Terrence Poppa) lui est même dédié, sur lequel se base aussi la série pour raconter son histoire (un personnage s'inspirant de l'auteur Terrence Poppa, occupé à interviewé le narcotrafiquant, est même mis en scène dans Narcos : Mexico). Pablo Acosta est également mentionné dans le roman "Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme", de Cormac McCarthy, qui donnera ensuite le film des frères Cohen "No country for old men". Bref, Pablo Acosta semble presque plus célèbre aux Etats-Unis qu'au Mexique... ce qui explique peut-être pourquoi je ne le connaissais pas, d'ailleurs ! Dans Narcos : Mexico, son histoire est le plus souvent intéressante, puisqu'il est l'un des personnages auquel on s'attache le plus, tout en ambivalence (Acosta est présenté comme un "good guy", en définitive ; l'allié de la DEA parmi les narcos) et sans manichéisme aucun. Dans la vie, tout n'est jamais tout blanc/tout noir, et c'est au personnage de Pablo Acosta qu'on a chargé de le démontrer à l'écran. Mais c'est surtout, bien évidemment, son final qui vaut le coup d'œil ; ou l'évocation de l'éternelle question : peut-on réellement se sortir de cette vie de débauche avant qu'il ne soit trop tard ? Le veut-on seulement  ? D'ailleurs, il faut saluer la performance de son interprète, Gerardo Taracena, un acteur que j'ai toujours beaucoup aimé et qui a, faut bien le dire, quand même "une sacrée gueule"... Déjà excellent dans Apocalypto et Sin Nombre (deux très bons films, au passage), sa frimousse colle à merveille aux traits du véritable Pablo Acosta et confère au personnage un charisme indéniable. Pour l'anecdote, Gerardo Taracena a également joué dans la narcopelicula "Sanguinarios del M1" (les narcopeliculas sont des films mexicains assez bas de gamme qui glorifient les cartels, tirés la plupart du temps d'un corrido, une chanson, dont ils reprennent ensuite le titre), inspirée par le célèbre corrido éponyme du Movimiento Alterado (rassemblement des chanteurs les plus célèbres du label Twiins Culiacan dans les années 2010) et de la vie de Manuel Torres "El Ondeado", un personnage bien connu sur ce site.

 

5⭐ Excellent

 

 

Arturo Beltran Leyva  (Acteur : Diego Calva)

 

Acteur Diego Calva Narcos : Mexico

 

 

Arturo Beltran Leyva

 

 

Arturo Beltran Leyva, le chef du cartel fondé et dirigé par les 4 frères Beltran Leyva à partir de 2008, est bel et bien présent dans Narcos : Mexico. Même s'il n'est généralement mentionné que sous le seul prénom de "Arturo" dans la série, et qu'il ne ressemble pas trop physiquement au véritable narcotrafiquant qu'il est censé représenter, il est bien crédité sous le nom de "Arturo Beltran Leyva" au générique. De toute façon, le fait qu'il soit dit dans la série que le personnage est le cousin d'El Chapo ne laissait que peu de place au doute. Il apparaît lors de la troisième et dernière saison, bien que celle-ci prenne place dans les années 90. Soit près de 20 ans avant les évènements qui feront connaître Don Arturo aux yeux du monde : sa défection et celle de ses frères du Cartel de Sinaloa, pour lequel ils travaillaient et auquel ils déclareront la guerre au cours de l'année 2008. Plus particulièrement, cette guerre, les 4 frères Beltran Leyva la déclareront à leur cousin et chef du Cartel de Sinaloa : El Chapo Guzman. De là découlera une série d'affrontements sanglants connue comme "La guerre de 2008". Les 4 supposés parents d'El Chapo sont donc des personnages importants dans son parcours criminel, et comme la saison 3 de Narcos : Mexico l'introduit en tant que l'un des personnages principaux, il était normal que l'on commence à étoffer son background comme son cercle rapproché. Le personnage d'Arturo est donc introduit dans cette troisième saison, pour servir d'homme de main/larbin à son cousin. Et c'est tout. Arturo Beltran Leyva, dans Narcos : Mexico, ce n'est que ça : le fidèle toutou d'El Chapo. En plus, il n'est même pas dit clairement que les deux entretiennent bien un lien de parenté : de temps à autre, le personnage d'Arturo s'adressera à El Chapo en l'appelant "primo" ("cousin") quand il en aura marre de l'appeler "patron". En plus, "cousin" en espagnol est parfois aussi utilisé comme "frère" ou "mon frère" en français, donc ce n'est pas plus explicite que ça... En fait, si avant de regarder la série vous ne saviez pas qui était Arturo Beltran Leyva, il y a fort à parier que vous n'ayez même pas remarqué le personnage, tant il est OSEF. On dirait un simple PNJ de jeu vidéo (j'abuse un peu puisque lorsqu'El Chapo est en prison, c'est le personnage d'Arturo qui se charge de lui passer des nouvelles de l'extérieur et faire respecter ses ordres), l'équivalent des nombreux hommes de main qui sont déjà dépeints dans le show, comme David Barron du Cartel Arellano Felix ou Tomas Morlet de la DFS. Jamais, ô grand jamais, on ne pourrait se douter en regardant la série que le vulgaire homme de main d'El Chapo deviendra par la suite l'un des personnages les plus iconiques du crime organisé mexicain et qu'il finira carrément par déclarer la guerre à ce même El Chapo Guzman. Dans la série, Arturo n'a pas vraiment de personnalité, sinon celle d'un abruti total que lui confère le cabotinage amateuriste de son interprète Diego Calva en guise de jeu d'acteur. Diego Calva, qui ne ressemble pas au véritable Arturo Beltran Leyva en plus d'avoir une coupe de cheveux à la con, se contente de jouer un personnage cliché et de beugler en tentant pitoyablement d'imiter l'accent norteño. Sûrement que l'acteur s'est dit : plus c'est gros, plus ça passe... Bref, une erreur de casting totale. L'acteur lui-même s'était dit peu investi par son rôle, et ça se ressent dans le résultat final : "il y a un moment dans votre carrière d'acteur où on ne peut pas vraiment choisir ses rôles. On est juste reconnaissant d'avoir un travail. Narcos est une super série, mais dans mon cas c'est un peu difficile car la façon dont ils ont raconté l'histoire de mon pays, je ne suis pas du tout d'accord avec ça...", a ainsi déclaré Diego Calva à propos de son rôle dans la série. De là à crier au sabotage, il n'y a qu'un pas ! Ah, et autre détail gênant : aucune mention n'est faite des 3 autres frères Beltran (bien que tous les frères joueront un rôle important et différent dans la guerre de 2008), qui travaillaient également pour El Chapo avant de le trahir, ou du fait qu'ils ont tous commencé sous les ordres d'Amado Carrillo au sein du Cartel de Juarez, comme certains pistoleros qui rejoindront leur organisation par la suite, ou encore de l'évasion de prison d'Arturo Beltran, censée être survenue un peu avant l'époque où prend place la série. Bref, ce personnage, inutile à l'écran, frisant même parfois (souvent) le ridicule, n'a pas grand chose à voir avec le narco qu'il est pourtant censé représenter.

 

1⭐ Bidon

 

 

Vous pourrez retrouver la critique complète de la série ainsi que de tous ses personnages d'ici peu sur le site.

Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :